Première question à Maître St Germain sur le Sénégal

11/02/2014 00:41

 

Sujet de Marie 09.02.2014

- Le projet de décentralisation, est à l'ordre du jour au Sénégal. C'est un sujet important car sa visée, au-delà d'une vision "politicienne"  (électorale entre autre), est de mettre effectivement dans les mains du peuple sa destinée. Nous observons des résistances, des tâtonnements et de la désinformation: la suppression des régions dans le futur organigramme administratif entraîne une levée de boucliers.

L'historique de la décentralisation au Sénégal remonte à avant les indépendances, avec la création des communes de Gorée et de Saint-Louis, puis de Rufisque et en dernier lieu de Dakar (en 1887, je crois), ce qui a joué dans le fait que le sénégalais de ces villes ne se considérait pas inférieur aux français de la métropole, quant à ses droits et sa culture.

Actuellement, quel regard jeter sur ce qui se passe? Comment faire pour que ces projets soient réellement un bien pour le peuple sénégalais?

- Autre questionnement: la langue wolof, parlée, dit-on, par la majorité des sénégalais, est en passe de s'imposer à tous. Une langue véhicule aussi toute une culture qui n'est pas forcément bonne pour l'ensemble: le masla (arrondir les angles à tous prix, même le mensonge), le mugne (supporter, subir les injustices, les malheurs, les violences)... par exemple ne paraissent pas être des qualités dignes d'amener l'individu à se saisir des rênes de son futur. Qu'en penser?

10.02.2014  Réponse de MStGermain

Abordons le Sénégal

La forte empreinte de la France n’est pas anodine dans l’état d’esprit aujourd’hui au Sénégal.

Le Sénégal a relativement bien vécu son indépendance et la France y est restée très présente. C’est un bien dans le sens du soutien dans la structure même de l’administration Sénégalaise. C’est aussi une acceptation d’un système en pays africain, de son emprise matérialiste sur la société sénégalaise. Mais dans l’ensemble, le partenariat Sénégal – France est positif.

Aujourd’hui : s’émanciper et rester maître chez soi est le défi du Pays, sans courir le risque d’une déstabilisation. Les Sénégalais plus que tout autre en Afrique, sont dans l’acceptation du partenariat, ce qui signifie qu’ils ont une longueur d’avance sur leurs frères voisins, n’ayant été aussi longtemps sous administration « française ».

Pourquoi tout changer quand on peut adroitement offrir l’espace public à tous : les régions, pour être autonomes sont-elles suffisamment stables et égales pour revendiquer une administration indépendante ?

Il y a indépendance administrative et indépendance d’esprit. Il faut trouver le Juste milieu. Mieux défendre la « spécificité » régionale. Trouver des arrangements, des assouplissements qui soient conformes à la région, mieux adaptée aux conditions locales. C’est un fait. Mais à  bien y regarder, les régions trop autonomes sont systématiquement livrées à elles-mêmes et les plus rentables ne se sentent plus concernées pour investir dans le Pays de « régions ».

Voilà pourquoi un pouvoir central fort est nécessaire - ou c’est la partition assurée – au prix de restrictions à lever par le dialogue, pour mieux adapter les dons de l’Etat aux Régions.

Le même problème se retrouve en France qui, de régions fortes et riches, dépendant de l’Etat – avec ses limites, mais son soutien constant fédérant une unité de fait et de principe. Aujourd’hui l’Etat se désengage, faute d’argent certes, mais ce n’était pas le critère initial : pour sa sacro-sainte liberté. Les Régions ne sont pas pour autant libérées, mais ont dû assumer ce que l’Etat prenait à son compte avant.

Que cet exemple fasse réfléchir le Peuple Sénégalais pour qu’il ne tombe pas lui aussi dans le miroir aux alouettes.

Aujourd’hui, c’est l’unité qui compte : et les privations des uns trouvent à  s’équilibrer avec les richesses des autres.

Luttez pour l’unité du Sénégal et faites avancer la démocratie au Cœur de l’Etat par un engagement de tous à  discuter des enjeux nationaux, de l’équilibre intérieur. Dans ce sens, les régions pauvres restent au sein de l’engagement d’Etat : le devoir d’entraide, le devoir de secours. Le Sénégalais est 1 devant tous. Il n’y a pas « les pauvres des régions » mais un Peuple uni.

Même si quelques aspirations indépendantistes planent ici et là, ce n’est pas la voie. Il y aura toujours imperfection et mieux vaut être un Sénégalais à part entière qu’un Sénégalais de sous-région.

Quant à la langue, il est légitime de parler librement sa langue d’origine, mais là encore : quel est le but poursuivi par l’Etat dans ces revendications ?

A force de vouloir effacer l’histoire, on retourne en arrière. Ce n’est plus l’heure et, effectivement comme le souligne Ms, que véhicule chaque langue ? Quelle est sa destinée, son but ?

Aujourd’hui le Sénégal a une forte tradition de langue française et son Président Léopold Sedar Senghor en a été un très brillant ambassadeur.

Le fait que Dakar soit la capitale de la Francophonie et de l’Afrique francophone est une clé pour le Pays et au-delà : toute la Région de Communauté d’Etats, qui place le Sénégal en avant-scène. C’est positif. Le Sénégal ne sera pas l’oublié de la France, parce que son rôle d’ambassadeur déjà assumé sera encore le sien, prochainement.

Il faut voir le partenariat persistant avec la France comme une introduction à l’Unité avec la Centrafrique, la France et l’Afrique. Le Triangle France – Sénégal – Centrafrique va jouer un rôle crucial dans les années qui viennent. Nous étudierons les Rayons des Pays partenaires du Futur.

La solide tradition de langue française doit être maintenue, explicitée, défendue dans l’intérêt du futur du Sénégal et de l’Afrique. C’est le futur élevé de l’Afrique qui s’écrit. Le wolof étant la langue traditionnelle facile, la langue familière décontractée, alors que le Français est, il est vrai, une langue difficile – d’où la demande de facilité, de l’exclure.

Parler la langue française, c’est participer au Futur de l’Afrique. Son exigence est à l’égale de la qualité du mental formé à la précision des mots, à leur subtilité, à leur proximité du Divin.

On ne perd pas son identité dans l’adaptation. On construit le  Futur avec les enjeux clairement compris et engagés avec tous.

Le Sénégal est la Porte du Futur, de l’Unité France – Afrique, l’ambassadeur de la Paix. Il sera soutenu par le Cameroun, et la Centrafrique se révèlera dans l’Unité avec tous, et le soutien actif de tous les Pays d’Afrique.

La perspective est réjouissance. Maintenez l’Unité.

MStG, 10.02.2014 MASL